Je suis assez admiratif des gens qui sont Out & Proud, qu’on pourrait traduire grossièrement par « visibles et fier·e·s ».
Je suis admiratif parce que j’en suis incapable, enfin, en partie. J’ai la sensation que j’ai déjà écrit à ce sujet, et pardonnez moi donc si je me répète un peu du coup. Mais, si j’essaie au maximum d’être transparent dans mes propos ici, il est quand même relativement rare que j’y affiche mon identité civile. Sauf peut-être dans l’article de tuto rasage, mais c’était vraiment exceptionnel.
Et j’ai énormément de respect pour les personnes trans ou LGB+ qui s’affichent ouvertement sur les Internets, même quand je ne les supporte pas individuellement, j’ai quand même du respect pour la démarche. Parce que si la vraie vie véritable n’est pas un milieu facile, l’univers du web est encore bien pire, les gens se lâchent dans l’horreur haineuse, les langues se libèrent de toute bienséance et la décence est aux abonnés absents.
J’ai fait ce choix il y a bien longtemps que d’exposer ma vie à la vue de tou·te·s en ligne, et j’ai le malheur de parfois oublier que, dans ce que je raconte, les conséquences peuvent ne pas seulement concerner que moi. Mais passons, avant que je ne digresse.
Quand est venu le moment de faire mon coming-out, ce blog a beaucoup changé, en même temps que moi, dans une ligne d’évolution directe et naturelle. J’ai aussi appris avec le temps que parfois, il vaut mieux se taire que d’altérer la vérité pour la rendre racontable. Mais aussi et surtout, qu’il faut savoir se protéger.
J’ai la chance, avec vous, qui me lisez aujourd’hui encore, et peut-être encore demain je l’espère, de ne jamais avoir reçu de menaces de mort, de viol, ou d’agression verbale directe. J’ai reçu quelques fois des insultes, mais cela se compte sur les doigts d’une main, et ce n’est surtout pas passé entre les mailles du filtre des commentaires.
A ce jour, je ne m’expose qu’indirectement sur les lignes de ce blog, puisque je ne suis plus seulement lu par uniquement mes amis, je sais qu’il y a quelques personnes, des habitué·e·s comme des gens de passage, dont j’ignore l’identité, et qui n’ont pas connaissance de la mienne.
Mais là où je voulais en arriver avec mes déblatérations qui commencent à prendre de la longueur, c’est que si je suis hyper ouvert sur ma transidentité ici, ce n’est pas nécessairement le cas au dehors.
Les gens que je fréquente depuis moins de 6 mois n’ont pas tou·te·s conscience de ma specificité de personne transgenre, et ce n’est pas plus mal. Parce que c’est tout simplement reposant. Je n’ai plus à m’angoisser de devoir faire attention au moindre détail, à faire mes preuves ou quoi que ce soit.
Je suis un garçon, comme les autres, y compris dans leurs yeux. Je n’ai pas nécessairement l’aisance naturelle, que j’ai avec les gens où une intimité s’est installée, mais je sais que je n’ai pas besoin de me préparer mentalement à, peut-être, devoir faire de la pédagogie.
Attention, je ne dis pas que faire de la pédagogie c’est chiant ou quoi, j’ai souvent plaisir à le faire ici, simplement, parfois, je suis lassé, j’ai juste envie de profiter de ma soirée. C’est comme pour les questions plus ou moins intrusives. Elles ne sont intrusives que parce que je les perçois comme telles, la formulation joue souvent beaucoup. Et d’une fois sur l’autre, je vais me montrer plus agressif parce que je suis fatigué.
Mais voilà. Si vous avez réussi à tenir jusque là dans mes longueurs de phrase, je tenais simplement à dire ceci: peu importe que vous soyez affichés et identifiés clairement en tant que personne Trans, ou qu’au contraire vous souhaitez ne pas en entendre parler, et vivre dans la quiétude de votre cispassing.
Ce qui importe, c’est votre aisance, et votre bien être, et les autres peuvent bien aller se faire cuire le cul. Dites vous bien que, il y aura toujours des gens pour se visibiliser, et reporter l’attention sur eux, et donc plus du tout sur vous. Et ça, c’est chouette.
Merci les gens, merci pour la visibilité. Love !