Please come back alive

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C'est bô.

C’est bô.

J’ai écrit cet article il y a une poignée de jours, et je me décide à le publier aujourd’hui pour deux raisons.
1) C’est mon blog, je fais ce que je veux, ça me fait du bien de l’écrire aussi.
2) J’espère que d’autres personnes dans une situation similaire se sentiront moins seul.e.s en lisant mes propos. Que mes humbles écrits fassent écho à leur vécu, et que cela soit un minimum utile pour chacun. Mais je rêve peut-être un peu trop fort. Bref.

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Depuis que j’ai pris la décision d’entamer ma transition, mille questions me passent par la tête. Même si je suis heureux d’avoir choisi de démarrer ce processus (long et coûteux malgré tout), il m’arrive d’avoir du mal à en dormir la nuit, tant mon cérébral carbure comme un bâtard.

Déjà, comme chacun le sait, je porte mon absence de vie privée comme un fardeau, j’en souffre beaucoup, et j’en viens à me demander si cela ne sera pas pire après le début des hormones. Si par miracle je parviens à avoir un semblant de relation avec quelqu’un, sait-on jamais, si cette relation glisse lentement vers l’intimité, il va bien falloir que j’explique à un moment donné l’absence de contenu de mes panties. C’est quelque chose qui me crée pas mal d’angoisses. Comme si je tirais une balle dans le pied de mes hypothétiques possibilités.
Bon évidemment, quelques ami.e.s proches et moi-même essayons de me rassurer, que dans tous les cas si quelqu’un me fuit pour cette raison précise, c’est que cette personne ne vaut pas la peine que je cherche à la connaitre.

Ensuite se posent d’autres questions, comme celle de mon logement. Bon je me projette très loin en avant, mais viendra bien un moment où mon propriétaire se rendra compte des choses, et j’ignore totalement quelle sera sa réaction. Mais c’est dans l’idée où je n’ai pas changé d’appart d’ici là. A titre informatif mon propriétaire habite juste au dessus, donc si, je le croise fréquemment.

S’enchaîne la question des papiers d’identité, que chaque personne transidentitaire rencontre, l’éternelle bataille administrative. Jusqu’à quel point mes papiers vont me poser problème dans mon quotidien? Mais ça je ne le saurais qu’en temps et en heure.

Enfin, comme je vais à la salle de sports, même si le coach est hyper sympa et très compréhensif, je me demande pour la suite si je ne devrais pas finir par me changer dans les douches, façon retour en arrière jusqu’au collège, mais pour des raisons bien différentes.

Pour conclure, je sais combien je m’angoisse pour des problèmes qui sont bien loin d’être immédiats, et que j’y trouverais des solutions le moment venu, et que dans tous les cas je serais soutenu par mon entourage.
La décision d’entamer ma transition a été très difficile. Contrairement à ce que beaucoup peuvent le penser, ça ne m’est pas venu du jour au lendemain, bien au contraire. J’ai vu le truc arriver de loin il y a des années de cela, et je l’ai rejeté en bloc assez violemment.
Mais à vouloir noyer ses problèmes, on s’aperçoit trop tard qu’ils savaient nager, et le tout m’est revenu dans la gueule avec force. A tel point que j’ai eu la sensation de me mentir quotidiennement en essayant de survivre dans mon genre assigné.

Maintenant que la décision a été prise, cela ne m’empêche pas d’avoir des doutes, d’être terrifié à l’idée de ce qui m’attends, ou même ce que j’imagine qui m’attends. Je peux toujours faire marche arrière, mais je préfère encore crever que de revivre une journée dans le mensonge.

Cet article prenant une tournure un peu sombre, je vais arrêter là mes réflexions pour aujourd’hui. Mais cela m’a fait du bien de les sortir de mes entrailles et de les déposer sans délicatesse ici.

Merci de votre attention, et à très vite!

3 réflexions sur “Please come back alive

  1. Guillaume

    Je ne sais plus comment ce blog est arrivé dans mes flux RSS – me suis sans doute senti concerné par deux des trois g, 3 maintenant on pourrait dire . Je te lis souvent avec un sourcil dressé, et le point le plus en commun que j’ai avec toi, c’est d’habiter Bordeaux (enfin, moi je suis a Pessac, c’est tout dire, et sous réserve qu’en plus je me trompe pas sur ta résidence).
    Mais.. je pense que j’aime ton style, ton humanité, ta vulnérabilité affichée et affirmée, et une capacité de courage dans l’expression que je me sens bien incapable d’avoir.
    Enfin, bref, continue, tu m’ouvres l’esprit.

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